"Les deux casquettes, un lien assez facile entre le monde des jeunes et celui des séniors" A. Ferrandier
Le retour sur les terrains est passé depuis maintenant plus d’un mois chez les handballeurs du secteur amateur et il est l’heure de faire le point. Interview avec Antoine Ferrandier ancien joueur professionnel formé à Créteil qui est devenu depuis cette saison responsable du Centre de Formation et de la filière intensive (en 2023).
Antoine, à la fin de ta carrière de joueur il y a maintenant un an, tu as eu en charge la filière intensive (des équipes jeunes). Cette saison, un nouveau portefeuille t’a été attribué : le Centre de Formation avec Franck Chupin. Peux-tu nous parler un peu plus de tes missions ?
Aujourd’hui je m’occupe de la filière intensive et du Centre de Formation, je suis également coach des U18 Championnat de France et en parallèle je réalise un audit sur la pratique du handball à Créteil.
Toutes ses missions ont un lien et c’est la suite logique. Le but de la filière intensive c’est de permettre à des jeunes d’intégrer le Centre de Formation. Avoir les deux casquettes permet d’avoir un lien assez facile entre le monde des jeunes et celui des séniors.
Afin d’être le plus clair possible, que signifie la filière intensive exactement ?
C’est toutes les équipes 1 des catégories jeunes du club. A partir de la catégorie U15, on identifie des joueurs qui sont susceptibles à terme de pouvoir rentrer au Centre de Formation. A ce moment-là on va aider ces joueurs dans leur parcours et on va avoir un accompagnement particulier avec eux. Le but avec ces jeunes c’est d’essayer de les amener à leur meilleur niveau et ainsi leur faire intégrer le Centre de Formation pour par la suite les amener vers le plus haut niveau. Notre objectif : avoir des cristoliens qui intègrent par la suite l’équipe première qui évolue actuellement en Liqui Moly StarLigue, le plus haut niveau français.
Recrutez-vous des profils précis pour ces filières intensives ?
L’idée est de se concentrer au maximum sur le bassin cristolien mais si par la suite nous rencontrons des manques sur une générations sur des profils précis, on ne s’interdit pas d’aller rechercher les talents qui sont sur des territoires proches. Nous essayons de travailler en collaboration avec les clubs voisins, nous leur laissons les joueurs le plus longtemps possible à partir du moment où la formation est la même que la nôtre. Puis quand notre accompagnement devient plus complet que celui proposé par le club, c’est à ce-moment là que nous intervenons.
Notre objectif sur les filières jeunes ce n’est pas d’empiler les joueurs pour gagner un championnat mais plutôt d’accompagner chaque enfant vers sont meilleur niveau et ainsi par la suite lui permettre d’intégrer le Centre de Formation.
La formation est au cœur du projet cristolien dont tu en es un des exemples. Quels sont les moyens mis en place aujourd’hui au sein du club pour atteindre les objectifs ?
Aujourd’hui au sein de la filière, il y a trois grands pôles : le pôle handball avec les entrainements collectifs et individualisés, le spécifique gardien de but et l’accompagnement dans les sélections : comité départemental, ligue Ile de France, Pôle France et équipe de France…
On met aussi des moyens sur l’accompagnement médical des joueurs. Les handballeurs de la filière ont accès au médecin du club et pour les plus grands ils ont aussi accès à la vacation kiné une fois par semaine.
Depuis la saison passée, nous avons aussi un pôle préparation physique avec le préparateur physique de l’équipe professionnelle. Il a en charge la préparation physique des joueurs de l’ensemble de la filière intensive. Un travail de musculation et/ou de coordination motricité est donc mis en place en fonction des catégories.
Par tous ces moyens, nous essayons de leur inculquer une exigence de travail, une certaine autonomie également qui pousse vers un certain professionnalisme et qui leur sera importante au moment de l’entrée au Centre de Formation si un jour elle se présente.
Depuis la saison dernière, Loïc Diarrassouba, Salif Traoré et plus récemment Edgar Bourillon sont partis en prêts dans des clubs de Proligue, est-ce important que les jeunes joueurs aillent prendre de l’expérience ailleurs ?
C’est important de pouvoir permettre, quand cela est possible, à nos jeunes joueurs de s’exprimer et avoir plus de temps de jeu que ce qu’ils pourraient avoir avec nous sur la première division. Rien que pour cet élément, c’est super intéressant qu’ils aillent prendre de l’expérience en ProLigue et ainsi prendre de l’expérience dans le monde professionnel. Nos joueurs découvrent aussi d’autres manières de fonctionner, une autre culture.
On espère avec cette expérience, que le jour où ils reviennent au club, ils soient plus aguerris et plus prêts à apporter quelque chose à notre équipe professionnelle.
C’est aussi une fierté pour nous de voir que nos jeunes joueurs intéressent les clubs aux alentours et que notre formation porte ses fruits.
Les clubs viennent recruter au sein du CF de Créteil car ils connaissent la force de la formation, c’est une fierté pour toi en tant que responsable mais peut être aussi une pression supplémentaire ?
C’est toujours une fierté que de voir que nos jeunes joueurs en sortie de U18, ils intéressent des clubs et c’est aussi un signe que nous travaillons dans le bon sens. Mais notre travail aussi au quotidien c’est dire à nos joueurs de rester dans les rangs cristoliens et de ne pas partir à la première occasion pour vraiment terminer leur formation et avoir les armes pour partir vers d’autres horizons par la suite. Il est très important de ne pas brûler les étapes dans leur apprentissage.
Les différents championnats ont repris après une préparation physique que petits et grands ont réalisée, es-tu satisfait de cette avant-saison ?
Oui toutes les équipes ont repris le hand et cette préparation s’est bien passée. Les premiers matchs ont débuté mais il est encore tôt pour tirer des conclusions après seulement deux journées de championnat ou de délayage. Dans la globalité, tout s’est bien passé et c’est positif.
Notre objectif sur les jeunes catégories n’est pas le résultat, on ne cherche pas à gagner à tout prix. Notre objectif est vraiment centré sur le joueur et sa progression.
Tu es toi-même coach des U18.1 aussi appelé U18 championnat de France, quel est ton souhait pour ton équipe cette saison ?
Les exigences sont assez élevées et c’est un peu particulier avec les U18. C’est la première équipe de la filière intensive où on demande des résultats. Toutes les équipes en-dessous n’ont pas d’objectif de résultats sauf se qualifier dans le championnat le plus haut de la catégorie. Hormis cela, tout est centré sur la progression des joueurs.
Malgré la volonté de résultats, il ne faut pas oublier la formation du joueur qui est en passe d’aller par la suite en Centre de Formation. C’est un dilemme qui n’est pas facile mais très intéressant entre le travail individuel, collectif et la recherche de performance.
Collectivement l’objectif de cette saison est de se qualifier pour le Final 4 et pourquoi pas être champion de France parce qu’il y a un groupe de qualité et les joueurs le savent. Maintenant, ce sont les joueurs qui ont le projet entre leurs mains, je ne peux que les accompagner si la volonté est là.
Les U18 sont à la porte du Centre de Formation, l’exigence est donc élevée envers ces jeunes ?
Les exigences sont en effet importantes et nous les dirigeons vers une certaine sorte d’autonomie qui est moindre sur les plus petites catégories mais c’est un travail qui est fait tout au long des différentes saisons. Quand les jeunes joueurs arrivent en U18, ils sont déjà formés à cette exigence. Dès les catégories U11, l’exigence, la discipline, le goût à l’effort sont inculqués.
Durant cette saison, les meilleurs joueurs vont intégrer par moment l’équipe réserve évoluant en N1 pour découvrir ce championnat. A l’heure actuelle, il y a déjà un joueur U18 qui évolue à temps complet (entrainement + match) en N1.
L’objectif est d’ajuster durant la saison les montées des U18 en N1 en fonction des matchs, des blessures etc. Certains matchs de N1 ne sont pas faciles pour des jeunes joueurs et il n’est pas opportun de les envoyer en sachant pertinemment qu’ils ne vont pas être à la hauteur. Donc ces montées se font avec intelligence et communication entre les deux collectifs.
Il y a encore eu cette saison, un engouement au niveau des demandes de licence. Le handball et l’US Créteil Handball attire les jeunes…
En effet, nous avons beaucoup de demandes. C’est à la fois une fierté et une réussite pour le club. Tous les ans nous avons de plus en plus de demandes où on essaye de répondre favorablement. Cette saison nous avons ouvert le baby hand, on va ouvrir une équipe 4 en sénior, on va devoir créer une équipe 4 en U11, U13 et U15. La demande est très importante chez les jeunes cristoliens ou des alentours car nous avons aussi des demandes de jeunes d’autres villes. Aujourd’hui nous faisons face à des problématiques connues de tous sur le nombre de créneaux d’entrainement dans les infrastructures de la ville pour pouvoir accueillir toutes ces équipes dans de bonnes conditions. Nous sommes en train d’arriver au maximum de ce que l’on peut proposer. Cet engouement est bon pour le club mais nous sommes un peu victime de notre succès.
Comment se passe la gestion des entraîneurs de la filière intensive ?
Nous avons fait une réunion en début de saison où j’ai présenté le projet global de la filière tel que le club l’avait imaginé. Puis par la suite, sur la saison nous communiquons beaucoup sur un groupe WhatsApp pour tout ce qui concerne les joueurs, leur évolution, le contenu handball etc.
En plus de cela, nous faisons deux, trois réunions pour faire avancer les choses, soulever certains problèmes et comment améliorer certaines situations.
Il sera donc intéressant de suivre les aventures des jeunes cristoliens cette saison.
Il faut venir dans les gymnases de Créteil : Nelson Paillou, Issaurat, au Palais des Sports pour voir les matchs des jeunes. C’est souvent intéressant, ce n’est pas le même handball que les pros car ils sont moins aguerris mais ils sont passionnés, ils s’amusent et ont le sourire. C’est une autre ambiance et une autre façon de pratiquer le handball. J’invite donc les gens à venir voir, s’ils ont du temps sur leur week-end, car ce sont toujours des moments de partage agréable à vivre.